Cuba, une île enchanteresse

Cuba fut découverte le 27 octobre par Christophe Colomb qui cherchait le passage vers les Indes sur ordre de la couronne espagnole. D’après des estimations, environ 200 000 indigènes peuplaient Cuba avant la découverte. Des recherches archéologiques montrent que les premiers habitants se sont installés sur l’île il y a 10 000 ans. Colomb nomma « Indios » les indigènes puisqu’il se croyait en Inde.

L’Espagnol Diego Velázquez tenta de conquérir Cuba pour la couronne espagnole. En se servant de  méthodes brutales et rusées les envahisseurs réussirent à vaincre les Cubains et l’île fut soumise à un régime colonial. Quatre ans plus tard, Cuba passa sous domination espagnole et ses habitants durent travailler comme esclaves pour les nouveaux maîtres. Les Espagnols cherchaient de l’or et de l’argent, mais en vain. Au cours du 16e siècle, la culture du tabac permit un premier essor économique tandis que le commerce lucratif de la culture de canne à sucre ne fut découvert que dans la seconde moitié du 18e siècle. Puisque cette culture nécessitait une main d’œuvre nettement élevée, les planteurs espagnols achetèrent des dizaines de milliers d’esclaves provenant dans leur majorité de l’Afrique de l’Ouest.

A la fin du 18e siècle le commerce de la canne à sucre connut un vrai boom et par conséquence c’était aussi le cas pour l’extension de l’esclavage de masse. En 1840 Cuba était le plus grand producteur mondial de sucre raffiné et Cuba comptait entretemps plus de 40 000 esclaves qui vivaient dans des cabanes dans des conditions inhumaines et  dont la main d’œuvre fut exploitée pour  des travaux domestiques ou la construction du chemin de fer. Les racines africaines avaient un impact important sur la culture cubaine, la religion Santerie, largement répandue, a perduré jusqu’à nos jours : il s’agit d’une mixture de dieux protecteurs et saints africains et d’éléments chrétiens.

En 1868 éclata la première guerre d’indépendance, lancée entre autre par un planteur qui donna la liberté à ses esclaves et annonça dans un discours l’indépendance du Cuba. Les Criollos (nés au Cuba, mais d’origine espagnole) se révoltaient contre le gouvernement espagnol. Ils réclamaient davantage de liberté de commerce et d’autonomie pour l’île ainsi que l’abolition de l’esclavage. Malheureusement ils ne furent pas écoutés et la guerre allait durer encore dix ans avant que les rebelles cubains furent vaincus par les troupes espagnoles.

Malgré l’échec de la première guerre d’indépendance la lutte commune avait semé l’esprit de solidarité parmi les Cubains de différentes provenances – l’éclat d’une deuxième guerre d’indépendance n’était donc qu’une question de temps. Le 24 février 1895, le peuple se soulève, avec José Martí comme dirigeant civil et faisant autorité de stratège. La guerre d’indépendance s’achève après trois années de lutte, mais toutefois au profit des Espagnols. Dès lors les Américains commencent à s’immiscer, car depuis un certain temps ils voyaient une chance de gagner de l’influence sur l’île. Après la guerre de Sécession aux Etats-Unis, où les Etats du Sud furent vaincus, l’esclavage a donc aussi été définitivement aboli à Cuba en 1886. La flotte espagnole est vaincue par les américains et le 17 juillet 1898, les colonialistes espagnols capitulent à Santiago de Cuba. Après 30 ans de guérilla, Cuba obtient enfin son indépendance. Toutefois la joie est de courte durée, car les Cubains sont tenus à l’écart des négociations de paix et lors du traité de Paris, Cuba revient aux mains des Américains. Cuba redevient un pays semi-colonial.

L’industrie du sucre, les chemins de fer et l’exploitation minière furent rapidement contrôlés par des sociétés américaines. Le gouffre entre très riches et très pauvres se creusa de plus en plus. Entre 1899 et 1902, Cuba est soumis à un gouvernement militaire américain. En 1902, la République de Cuba est officiellement créée. Mais les Américains, aux termes de l’amendement Platt, s’octroient le droit d’interférer. Corruption, violence et népotisme sont alors monnaie courante et encouragés par les dictateurs, qui érigèrent un régime de terreur sanglant. Tout devait être différent après la nuit de la St Sylvestre de 1958 à 1959. Le dictateur Fulgencio Batista fuit le pays et les guérilléros de Fidel Castro marchent sur La Havane. Incroyable, la révolution a gagné et les cubains étaient fous de bonheur et d’enthousiasme! Fidel Castro et son partenaire Ernesto « Che » Guevara, les deux chefs idéologiques, commencèrent sans tarder à transformer la société. Les buts de la révolution étaient de rétablir la démocratie et surtout d’entamer des réformes sociales, car une grande partie de la population est appauvrie à cette époque. Ils instaurent, par exemple, des systèmes éducatifs et de santé publique gratuits, entament une campagne d’alphabétisation et finissent avec la discrimination raciale. Au fil du temps, de nombreuses réformes ont été menées, qui n’étaient pas toutes au goût des USA. En 1960, les Etats-Unis décrètent l’embargo total sur les marchandises, auxquelles d’autres pays occidentaux prennent part aussi. Durant cette période, l’Union soviétique devient un précieux allié de Cuba. Les cubains vivent alors une période de croissance économique, qui leur permet d’avoir un niveau de vie dont ils n’ont pu que rêver avant. Quand, au début des années 90, l’Union soviétique se disloque, l’île doit apparemment de nouveau faire face à une période de souffrance.

Dès maintenant, ce n’est plus le sucre – les prix du commerce mondial rapportent beaucoup moins qu’avant –, mais le tourisme qui va devenir le soutien de l’économie nationale. L’intérêt est immédiat chez les voyagistes internationaux. Quand le dollar est légalisé sur le territoire cubain en 1993, cela crée de nouvelles inégalités entre les cubains qui travaillent dans le tourisme et qui ont accès aux devises, et ceux qui travaillent dans le public, sur les champs de canne à sucre ou dans des fabriques pour de bas salaires en pesos. Le gouvernement tente de contrecarrer cette inégalité sociale, et finalement la devise américaine est retirée en 2004 mais à un taux de change en pesos défavorable. Tandis que plus d’un adepte du soleil a le sentiment d’être au paradis quand il bronze sur une des plages de rêve de Cuba, il ne reste aux amis de la révolution, compte tenu de la réalité désenchantée du pays, que des souvenirs nostalgiques.