Canada Inside – Le pays qui te traverse

Un pays trop vaste pour être résumé

Le Canada. Rien que le nom évoque les grands espaces, les forêts sans fin, les lacs aux eaux limpides, les ours, les cabanes en bois et les montagnes immenses.

Mais ce pays ne se vit pas comme une carte postale. Il se traverse, il s'apprivoise. On a choisi de ne pas suivre les itinéraires classiques de l’Est ou de l’Ouest. Notre idée ? Traverser le pays d’un océan à l’autre, de l’Alberta au Québec, le long de la Transcanadienne.

Un vrai road trip dans l’esprit de Jack Kerouac : avancer sans certitudes, s’arrêter quand le cœur dit stop, rouler tant que le ciel est beau. Le Indian Summer était là pour sublimer chaque étape, avec ses feuilles rouges et dorées comme des confettis tombés du ciel.

Dans les Rocheuses, là où tout commence

Notre aventure commence au cœur de l’Alberta, dans les montagnes Rocheuses (Rocky Mountains). On enchaîne les haltes magiques : Jasper, Banff, Bow Lake, des noms devenus des souvenirs.

L’Icefield Parkway déroule ses paysages de rêve : sommets enneigés, lacs miroir, forêts dorées par l’automne, parfois calcinées par les incendies de l’été. Le contraste est saisissant. On aperçoit la faune : wapitis, mouflons, peut-être un lynx.

On se perd dans des sentiers, avec un bear spray à portée de main, juste au cas où. À chaque virage, une claque visuelle. L’hiver s’invite doucement, recouvrant les feuillus d’un voile blanc. C’est là, dans cette nature encore sauvage, que le Canada commence vraiment à laisser son empreinte.

Des plaines infinies aux couchers de soleil western

Puis viennent les prairies de Saskatchewan et du Manitoba. Fini les montagnes : ici, c’est le silence, l’horizon plat, les collines douces et les champs à perte de vue.

Trois jours de route, des milliers de kilomètres, deux fuseaux horaires. Des silos à grains géants, des trains de marchandises interminables, des routes qui n’en finissent plus. Mais aussi : un ciel à couper le souffle, un coucher de soleil dans un no man's land, des photos volées au drone, un faucon figé sur un poteau, et l’impression d’avoir atterri dans un western.

Arrêt à Pinawa et dans le parc de Whiteshell : forêts, rivières, pont suspendu, silence total. Même au milieu de « rien », le Canada a toujours quelque chose à offrir.

L’Ontario en feu, lacs et villes en mouvement

L’Ontario, c’est la province des extrêmes et des contrastes. Des lacs par milliers, des arbres en feu automnal, et la ville de Toronto qui surgit comme une mégalopole au bord de l’eau.

À Niagara Falls, les chutes rugissent. Trop touristiques ? Peut-être. Mais leur puissance nous cloue sur place. À Toronto, on change de tempo : rooftop au coucher du soleil, street art dans les ruelles, skyline au bord du lac. Bien sûr, nous sommes aussi montés sur la CN Tower – un incontournable de notre passage en ville. Coup de cœur assuré.

On découvre aussi la nature autrement, au High Park ou en longeant le lac Supérieur. Partout, cette impression que l’Ontario ne cesse de se réinventer, entre tradition, modernité et démesure nord-américaine.

Québec, douceur francophone et panoramas vibrants

Dernière ligne droite, et pas des moindres : le Québec, province francophone et chaleureuse, aux paysages variés comme ses expressions locales.

Montréal nous accueille avec son hockey – un match dans une patinoire mythique faisait bien sûr partie du programme –, ses parcs, ses maisons à escaliers en colimaçon et ses ruelles pleines de street art.

Québec ville, elle, est une parenthèse européenne, entre ruelles pavées, château de conte de fée et vue sur le fleuve Saint-Laurent.

Un passage par le Fjord du Saguenay et le mont Tremblant nous reconnecte à la nature, en hauteur, en silence. Le sentier des cimes devient un moment suspendu : marcher au-dessus des arbres, dominer les forêts, respirer fort.

Et puis le retour à Montréal, pour savourer une dernière fois cette ambiance unique, entre Paris et New York.

Fin du voyage, début de l’empreinte

Ce road trip, c’était 7500 kilomètres avalés sur l’asphalte, plus de 200 à pied, 5 provinces, 3 fuseaux horaires, des dizaines de forêts, d’animaux, de levers et couchers de soleil.

Mais ce voyage ne se mesure pas en kilomètres, il se vit à chaque virage. C’est une expérience de vie. Un souffle. Une collection d’instants. Le genre de voyage qui te vide la tête, pour mieux te remplir le cœur.

Si je devais y retourner, ce serait l’inverse : d’est en ouest. Et Vancouver au bout du chemin. Mais une chose est sûre : le Canada, une fois qu’il vous a happé, il ne vous quitte plus.